Le Bokashi, une solution de gestion de proximité des biodéchets en milieu urbain

Le constat est simple : 30 % de nos poubelles nantaises sont des biodéchets (c’est-à-dire les déchets alimentaires tels que les pelures de légumes et les restes de repas), ce qui représente 64 kg par habitant.e et par an.

A partir du 1er janvier 2024, les choses vont tendre au changement puisque la Loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) entre en vigueur. Celle-ci va contraindre les collectivités à mettre à disposition de leurs administré.e.s une solution de tri à la source de leurs déchets organiques, pour que ceux-ci soient valorisés en compost et en biogaz.

La généralisation du tri à la source des biodéchets est un enjeu majeur pour les collectivités territoriales, à la fois environnemental, économique et social. A Nantes, cela ne fera pas exception. Si la ville met à disposition des points d’apports volontaires pour récolter les biodéchets des habitant.e.s, elle souhaite aussi valoriser des initiatives locales. Bien que nous connaissons déjà le compostage en jardin (si nous avons la chance d’en avoir un), le lombricompostage (Les Boîtes Vertes) ou bien le compostage de quartier (Compostri), une autre technique de valorisation locale des biodéchets reprenant les principes de lacto fermentation se développe et présente des atouts indéniables, surtout lorsqu’on habite en appartement : le bokashi. Par chance, cette solution s’expérimente depuis maintenant quelques années dans votre quartier, à Nantes Sud !

Le Bokashi (comprenez Matière Organique Fermentée en japonais)

On le sait, l’être humain utilise les principes de la fermentation depuis le néolithique pour la conservation des aliments. Dans les années 80, c’est le professeur japonais Teruo Higa qui développe le bokashi, une méthode alternative de compostage, maintenant populaire dans de nombreux pays du monde.

Le bokashi est un processus de fermentation des déchets de cuisine et de table dans un seau hermétiquement fermé (principe d’anaérobie, sans oxygène), grâce à l’ajout d’un activateur (initialement composé de mélasse, son de blé et micro-organismes efficaces) qui empêchent les pourritures. On obtient du bokashi (sorte d’engrais naturel) au bout d’une quinzaine de jours. On peut alors l’incorporer directement à la terre puis planter après trois semaines sans passer par la phase plus longue du compostage.

C’est une solution alternative et complémentaire aux solutions déjà existantes en milieu urbain. Peu encombrant, sans odeur ni mouchette, très simple d’utilisation, le seau bokashi est parfaitement adapté à un appartement et accepte tous les restes alimentaires. Au lieu de se décomposer, les biodéchets fermentent. Ce procédé de “conservation” permet d’espacer la collecte ou l’apport des seaux.

Le Bokashi dans sa version low-tech

Si dans le commerce, le matériel pour utiliser la méthode bokashi demande entre 40 et 80 euros, nous sommes d’accord pour dire qu’il est préférable d’utiliser les moyens du bord pour que cela coûte à l’utilisateur.ice le moins d’argent possible.

L’association de quartier BricoLowtech, située à Nantes Sud, expérimente depuis maintenant plus de trois ans le procédé bokashi dans sa version low-tech, toujours dans l’optique de réutiliser ce qui est jeté et de réduire les coûts. En effet, des seaux alimentaires de 5 litres sont récupérés dans des commerces locaux, cantines collectives ou autres acteurs pour recevoir les déchets de cuisine et de table des habitant.e.s. L’activateur quant à lui n’est rien d’autre que de la drèche (résidu du brassage de la bière) séchée et conditionnée dans des bocaux en verre réutilisables. La méthode reste la même !


L’utilisateur.ice, pour un prix libre et conscient, reçoit un kit (seaux, tasseur et drèche séchée) et peut participer à un atelier de découverte gratuit. Puis il ou elle dépose son seau plein dans l’un des points d’apport et récupère un seau vide et de la drèche séchée au besoin.

Le biodéchet est une ressource, ou devrait-on dire une bioressource ? La BricoLowtech l’a bien compris : elle valorise la matière bokashi sur l’une de ses deux parcelles potagères du quartier et nourrit ses sols pour une meilleure richesse nutritionnelle des plantations. En somme, de la terre à l’assiette !

Vous l’aurez compris, le bokashi (qui plus est dans sa version low-tech) est une solution innovante, alternative et complémentaire à la gestion locale des biodéchets. Imaginez une minute une ville où chaque parcelle de terre, chaque jardin partagé ou non exploité puisse être nourri, enrichi et potentiellement nourricier… Il ne s’agit pas uniquement de limiter la distance faite par nos déchets lorsqu’ils quittent notre cuisine mais aussi de revenir à une réappropriation simple et partagée des espaces de nos quartiers où l’habitant.e est au centre de la démarche !

Pour en savoir plus sur le bokashi :
– le site internet de l’association BricoLowtech
– une vidéo illustrant la mise en place de la méthode à Nantes

Jessica Cleuziou

 

 

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